Les enjeux d'un inventaire pour la revitalisation des friches

Connaître les friches : quels enjeux ?

Dans un contexte marqué par la rareté du foncier disponible tout aussi bien que par la lutte contre l’artificialisation des sols, la rénovation des friches urbaines présente un intérêt économique, mais aussi social et environnemental, important pour les territoires. On estime en effet entre 90 000 et 150 000 hectares la superficie occupée par les friches industrielles en France en 2020, ce qui constitue un vivier de foncier considérable qui peut être utilisé pour la construction d’équipements ou de logements sans empiéter sur les espaces naturels et agricoles. La rénovation des friches en milieu urbain pourrait à cet effet constituer un levier privilégié du plan de relance dans le cadre de la crise en cours.  

En outre, la rénovation d’une friche est porteuse de nombreux impacts positifs pour les collectivités et pour les habitants : tout en donnant un signal positif sur l’ambition et le dynamisme d’un territoire, elle sécurise le site en termes écologiques et sanitaires. Cette action bénéfique demeure cependant contrainte par un grand nombre d’obstacles institutionnels, financiers et réglementaires. La multiplicité et le cloisonnement des intervenants, le coût des processus de dépollution et de réhabilitation ainsi que la longueur des procédures, entravent la libération et la valorisation prompte du foncier. Ces barrières doivent être levées pour permettre la pleine mobilisation des friches industrielles existantes. 

 

Qu'est-ce qu'une friche ?

La loi Climat et Résilience du 22 août 2021 définit ce qu'est une friche au sens du code de l'urbanisme : "tout bien ou droit immobilier, bâti ou non bâti, inutilisé et dont l'état, la configuration ou l'occupation totale ou partielle ne permet par un réemploi sans un aménagement ou des travaux préalables". 

Le standard CNIG des friches , paru en janvier 2023, fournit l'ensemble des informations utiles au recensement des friches. Etalab fournit également une visualisation simplifiée de ce standard : https://schema.data.gouv.fr/cnigfr/schema-friches

Il s'agit le plus souvent de friches d'origines industrielles, commerciales, d'habitat, ou autres espaces désaffectés.

Les principaux éléments caractérisant les friches sont alors :

  • le statut de la friche : friche reconvertie, avec ou sans projet, friche potentielle ;
  • le type de friche : industrielle, commerciale, d'habitat, militaire, etc... ;
  • la description de la dernière activité connue ;
  • la propriété de la friche : publique ou privée ;
  • les éventuels bâtis présents ;
  • les éventuelles pollutions ;
  • le type de zonage d'urbanisme.

Au-delà d'une classification par dernière activité connue, il faut considérer la dynamique de ces espaces. Les friches urbaines s’inscrivent dans un cycle de renouvellement plus ou moins long, allant de quelques mois à plusieurs décennies. Cette reconversion observe plusieurs étapes : repérage initial, contextualisation, sélection d'un portage pour au final aboutir à une phase opérationnelle de requalification.

 

Conséquences pour un inventaire national

L'inventaire national des friches en France n'est pas réalisable uniquement via le traitement de bases de données nationales existantes. Il est en effet nécessaire de se baser sur une observation locale, plus précise et capable de suivre la vie de la friche.

L’inventaire, bien qu’étant une étape clef dans le cycle de revitalisation, n’est en effet pas une fin en soi.

Les bases de données nationales actuelles connexes à la thématique "friche" sont incomplètes et/ou non actualisées. Elles permettent une première approche, et présentent ainsi des sites potentiellement en friches, qu’il faut confirmer.

Ce pré-recensement se doit d’être collaboratif entre le niveau local et national, notamment pour confirmer le caractère en friche d’un site, ajouter ceux non recensés au niveau national et enfin les contextualiser dans leur environnement, pour sélectionner les sites potentiellement intéressants à revaloriser.

Un inventaire des inventaires de dispositifs locaux, à l’image de ce qu’a réalisé LIFTI en 2018, et qui sera actualisé fin 2020, trouve toute sa pertinence dans cette phase de repérage national.